Ausha Talk #4 : Rencontre avec Fanny Cohen-Moreau, co-fondatrice de Podcut

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Ausha Talk #4 : Rencontre avec Fanny Cohen-Moreau, co-fondatrice de Podcut

Avec ses différentes émissions et les projets auxquels elle participe, Fanny Cohen-Moreau est presque une activiste du podcast. On a voulu faire le point sur les différentes activités de cette grande passionnée !

29 mars 2019 • Environ 14 min. de lecture

fanny cohen moreau

D‘où te vient ta passion pour le podcast ?

Fanny : A la base, je suis journaliste spécialisée en radio. J’ai donc ce feeling pour le son. J’écoutais des podcasts de type « replay radio », puis j’ai découvert les podcasts indépendants, natifs, par Twitter. Une fois qu’on met l’oreille dedans, on ne s’en sort pas, c’est trop bien !

En plus de Passion Médiévistes et Passion Modernistes, tu participes à La Menstruelle, un super podcast sur les règles, avec d’autres co-animatrices. Peux-tu nous parler de ce podcast et nous expliquer comment vous avez décidé de vous lancer dans ce projet ?

En fait, on discutait sur un espace de discussion et on se disait qu’il fallait qu’on fasse un podcast sur les règles, qu’il y avait plein de choses à dire. Et puis on s’est demandé qui voulait le faire. On s’est retrouvé à six !

Ensuite, on a listé tous les sujets qu’on pouvait faire en lien avec les règles. Quand on a eu trente sujets, on s’est dit qu’on pouvait se lancer. Ce qui est bien, c’est qu’on est six en tout, mais jamais six à animer un épisode. On tourne. C’est notre force comme on est nombreuses. On est donc plutôt trois ou quatre, avec souvent des invité.e.s

Le dernier enregistrement qu’on a fait, il y a quelques jours, c’était pour trois épisodes en une après-midi. C’était tellement bien ! On a passé une après-midi à parler de règles.

Il y a notamment un épisode sur l’endométriose, qui touche une femme sur dix en France. Cette maladie n’est pas du tout connue. Là, je me suis dit qu’on faisait vraiment un podcast utile ! En donnant la parole à des femmes qui souffrent d’endométriose, on ne fait pas que parler de nos règles. On en parle un peu, surtout dans les premiers épisodes, mais au fur et à mesure, je me rends compte qu’on fait vraiment quelque chose qui sera utile aux gens, qui leur apprend des choses.

Il y avait donc une place à prendre sur ce sujet ?

Il y avait quelques podcasts sur ce thème, notamment un qui sortait il y a quelques années, Badass. C’était très bien, avec notamment un épisode qui s’appelait « Ragnagnarock » sur les règles. Et puis plein de choses sont arrivées, notamment le livre de Jack Parker, celui d’Elise Thiébaut… C’était un peu à la mode.

On s’est dit « allez on le fait » parce qu’on en avait envie. Après, plein d’autres podcasts se sont lancés sur le sujet, et tant mieux. Plus on en parle, mieux c’est !

En plus de La Menstruelle et de tes autres podcasts, tu fais Multimorphoses, un podcast qui change de thème et de format à chaque épisode. Est-ce que tu avais besoin d’un espace d’expression plus libre que les formats récurrents, qui sont plus spécifiques ?

Finalement, je suis assez peu dans Multimorphoses ! C’est une amie à moi qui a plein d’idées et me propose plein de choses pour l’émission.

La catch line au début, c’était « le Black Mirror du podcast », même si ce n’est pas du tout aussi gore que la série. L’idée, c’est de se dire qu’on ne sait pas trop ce qu’on va entendre, mais on peut garantir que ce sera quelque chose d’agréable à écouter, avec un bon son, quelque chose d’un peu différent de d’habitude.

Je titille un peu les gens avec qui je travaille pour Multimorphoses. Par exemple, pour le 8 mars, on a sorti un épisode sur l’histoire du 8 mars. Pour le prochain, j’ai ressorti de mes archives quelque chose que j’avais enregistré il y a quelques années et que je n’avais jamais sorti. C’est une interview d’un monsieur qui tient le cimetière juif de Fès au Maroc. Sa famille s’occupe de ce cimetière depuis trois générations.

Je me suis dit « tiens, je n’ai jamais sorti ça » ! Multimorphoses, c’est le lieu parfait pour sortir ce genre de choses. Je ne vois pas trop où je pourrais le sortir ailleurs.

On a aussi fait un épisode sur l’Eurovision, un autre sur le sexe… Il y a plein de sujets différents. Si on a une super idée de podcast, mais qui ne tiendrait qu’en un épisode, Multimorphoses est le lieu parfait pour ça. Si vous avez une passion secrète pour n’importe quoi, faites un épisode pour Multimorphoses et vous pourrez le diffuser.

C’est aussi intéressant pour les auditeurs et auditrices de découvrir un sujet auquel ils ne s’attendent pas forcément…

Et avec des personnes différentes, une approche différente. C’est vraiment ça que je mets en avant.

Tu as récemment lancé PodCut, un label de podcasts, avec SousX et Julien Loisy. Pourquoi vous avez décidé de vous lancer dans ce projet ?

Parce qu’on est plus fort ensemble que tout seul ! En fait, ça me paraît évident de se rassembler que de rester dans son coin et de galérer. Comme ça, quand on a un souci, on peut demander aux autres. Ce côté « réseau » est vraiment très fort.

Par exemple, un de mes podcasts préférés dans le label, c’est Binouze USA. C’est deux gars qui sont en Louisiane, aux Etats-Unis, et qui parlent de bière. C’est les personnes les plus productives de tout le label. Ils sortent deux épisodes par semaine, j’ai du mal à suivre ! On est complètement décalé avec eux, ne serait-ce qu’en termes d’horaires…

A chaque fois, ils mettent des petites pépites très drôles en fin d’épisode pour parler du label, très inspirantes. J’adore ce qu’ils font. Ils ont fait un enregistrement comme s’ils étaient dans un match de foot, dans lequel les joueurs sont les podcasts du label et eux les commentateurs. C’est tellement délirant !

Il y a donc eux qui parlent de bière, La Menstruelle… On a plein de choses très différentes mais on arrive à trouver une unité ensemble. On essaie de se voir pour en parler.

Combien avez-vous de podcasts ?

On a 23 podcasts actifs, qui postent au moins un épisode par mois.

Et il y a de tous les formats…

Oui, que ce soit de la chronique, de la table ronde, du reportage… On a plein de sujets, assez positifs en général. Même si Colombie, combat des Berracas aborde des sujets beaucoup plus forts : c’est sur le combat des femmes en Colombie, sur l’avortement, le féminisme… Là, c’est un peu plus dur.

Sinon, sur le reste du label, on est plutôt sur des podcasts feel good.

Tu parlais du podcast sur les Berracas : c’est un podcast un peu plus ambitieux que les autres puisqu’il s’agit d’un documentaire tourné en Colombie. Sa créatrice, Rebecca Gil, a lancé une campagne Ulule pour financer la deuxième saison sur Madagascar…

En fait, elle est journaliste et elle a fait des enregistrements en Colombie dans ce cadre. Elle y était allée pour les élections. Il y a quelques mois, elle s’est rendue à Madagascar également pour y suivre les élections.

La campagne Ulule ne servira pas à rembourser ses billets d’avion, mais à financer le montage, l’illustration, et la rémunérer un petit peu.

Au sein de Podcut, Berracas est un projet particulier parce qu’on l’a vraiment aidée beaucoup plus qu’on aide les autres. Il fallait trouver des voix pour doubler les épisodes. On a fait un travail de voix, de traduction, de sélection… On l’a coachée parce qu’elle était vraiment toute seule, alors que dans la plupart de nos podcasts, il y a au moins deux personnes.

Sans vouloir nous vanter, je pense que c’est un podcast assez unique dans l’espace médiatique et podcastique en France : des interviews de femme colombiennes sur leur rapport au féminisme, leur combat… Je pense qu’on est vraiment très fiers de ce podcast.

Tu es membre active et co-gérante de Podcastéo, une association d’entraide entre podcasteurs, qui fait aussi un classement des podcasts en termes d’audience…

On dit plutôt « estimation d’influence ».

Comment faites-vous ce classement ?

Ce classement, c’est un algorithme sur lequel on ne peut pas tricher. Parfois, certaines personnes râlent un peu parce qu’elles ont moins d’audience. Nous, on demande aux podcasteurs de nous donner leurs audiences pour affiner l’algorithme, pour préciser certains paramètres. C’est un gros boulot : Julien le met à jour tous les mois. Dans Podcastéo, vous ne trouverez que des podcasts qui ont publié le mois dernier.

Comme il y a plein d’entrées et de sorties, plein de podcasts qui font plein d’audience d’un coup, il ne faut pas avoir l’ego blessé par rapport à ça.

Le classement a été lancé en octobre 2017, il y a presque un an et demi. A ce moment-là, il n’y avait pas grand chose encore. Maintenant, il y a plein de sites, et tant mieux. A l’époque, il n’y avait pas de site de ce type de ce type, à part quelques uns un peu vieillots et pas vraiment mis à jour. On voulait propose un classement qui permette de trouver des podcasts actifs.

A partir de cette initiative ont découlé d’autres choses : la communauté Podcastéo, un espace de discussion et d’entraide. On est plus de 250 podcasteurs et podcasteuses indépendants. On a cherché des initiatives pour mélanger tous les genres. Sur notre flux de podcasts, on a fait des émissions de débats sur des thèmes comme le montage, le lien avec les auditeurs…

Pour Noël, on fait le calendrier de l’avent des podcasts depuis deux ans. On propose, chaque jour, des petites pastilles de quelques minutes pour que les créateurs et créatrices présentent leur émission. Ça permet de découvrir de nouveaux podcasts.

Avec Terry Laire, je fais également La Veille des podcasts, un flash info des actualités du podcast. C’est 5 minutes très condensées, sur les infos à ne pas rater.

L’objectif général de Podcastéo, c’est de promouvoir le podcast, de donner plus de visibilité au média. On organise des événements dans lequel on va à la rencontre des gens. On organise tous les mois un apéro dans Paris, pour les podcasteurs, les gens intéressés par le média, et ceux qui veulent lancer un podcast.

Venez aux apéros, on s’amuse bien !

Plus récemment, tu as co-créé « Les Podcasteuses », un groupe réservé aux femmes. Pourquoi c’était important de créer cet espace non-mixte ?

C’est Nelly du podcast Club Internet sur Numerama, qui m’a envoyé un message sur Twitter pour me dire qu’il n’y avait pas d’espace dédié aux femmes. Il en existait uniquement en anglais. On a décidé de le créer.

On a aucune organisation, on ne prétend à rien sinon à discuter entre femmes. Certaines ont un blocage, malheureusement, un syndrome de l’imposteur. Elles pensent que ce n’est pas pour elle. Or, c’est pour tout le monde, hommes ou femmes.

C’est peut-être plus rassurant pour certaines personnes d’avoir cet espace entre femmes. L’aspect « sororité » peut aussi plaire à certaines. Là aussi, on échange des conseils, des bons plans, on essaie de se voir une fois par mois.

Effectivement, beaucoup de choses se font à Paris. Mais je suis sûre que vous pouvez trouver des podcasteurs partout en France. Allez les rencontrer ! C’est toujours bien de parler avec les autres, de parler de son idée de podcast à quelqu’un. Ça va vous motiver encore plus. Parler en vrai, ça fait du bien de temps en temps.

Quels sont tes podcasts préférés, ou en tout cas ceux que tu ne rates jamais ?

Ça dépend beaucoup de mon humeur. En général, j’ai envie d’écouter un podcast pour me divertir. Il y a plein de super podcasts, très féministes comme Les Couilles sur la table : ceux-là, je me les réserve quand je n’ai pas trop de soucis en tête, quand je suis disposée. Je préfère écouter des choses pour me divertir, pour penser à autre chose.

Un podcast que je ne rate jamais, c’est La Diagonale du vide. C’est très particulier : on pourrait le définir comme un podcast rural, poétique, de reportage… Ce podcast n’a pas son pareil.

C’est un peu difficile de rentrer dedans au début, on ne sait pas trop où on met les pieds… Il faut se laisser porter, c’est une bulle. Pendant trente minutes, Benoît vous emmène avec lui, on ne sait pas trop où, on ne sait pas trop avec qui on est… Il y a un peu de musique, il y a des gens qui parlent. Je le conseille vivement.

Il y a un autre podcast que j’aime écouter : Le Roi Stephen, un podcast produit par Podcut. Ça parle de Stephen King. C’est le premier podcast de plus de deux heures que j’ai commencé à écouter. Avant, je n’y arrivais pas. Je me disais que j’avais déjà du mal à écouter un podcast d’une heure, alors ce n’était pas possible.

Là, ils parlent à chaque épisode d’un livre de Stephen King. Ils nous racontent une histoire. Je vous assure que ces deux heures et demi, vous allez les passer avec eux, même si ça va être par petite bouts. Vous aurez envie d’aller au bout de l’histoire. Ils racontent tout. En plus, il y a plein d’infos sur Stephen King à la fin des épisodes. C’est vraiment un podcast très riche. Je vous le recommande vraiment.

Pourquoi avez-vous choisi d’héberger tous les podcasts produits par Podcut sur Ausha ?

Déjà, parce que tous les gens de chez Ausha sont sympas. On n’est pas payé pour dire ça ! On a bien aimé l’approche. On a pu avoir un contact humain avec eux, on a pu rencontrer certains d’entre eux qui sont géniaux. J’adore, ils sont très sympas.

Donc déjà, ça change par rapport aux plateformes américaines. Le contact est plus facile.

Quand Ausha a fait une offre pour héberger son podcast gratuitement à vie, c’était un très bon coup. Bravo Ausha ! Ça bien marché, puisqu’on a été beaucoup à venir sur la plateforme.

Et même maintenant, quand on a des problèmes techniques, Ausha continue à faire le lien. Ce côté humain perdure. C’est très qualitatif.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer dans le podcast ?

C’est un truc tout bête : pour éviter les déconvenues, vérifiez que le concept de votre podcast ou le nom de votre podcast n’existent pas déjà. C’est vraiment un conseil pratique que je donne. Vous pouvez avoir la meilleure idée, mais si vous avez pris un nom qui existe déjà, votre podcast ne sortira jamais ou alors très difficilement.

Si vous avez une idée qui ressemble à un podcast de cinéma, essayez de trouver une approche originale. Parfois, il y a des podcasts qui sortent, mais je pourrais en citer quatre ou cinq sur le même principe, donc je n’irai pas l’écouter.

Regardez ce qui existe sur la thématique que vous souhaitez aborder. Moi, par exemple, j’étais tranquille sur le Moyen-Age au début parce que j’ai vu qu’il n’y avait pas grand chose sur le sujet. Mais j’ai quand même vérifié.

Allez voir pour ne pas être noyé. Essayez de vous démarquer un peu plus que les autres !

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Avatar de Emma
par Emma
29 mars 2019

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